Allah Yer7hmek Papa

Papa..

Les mots ne me viennent pas alors que je viens d'apprendre ta mort..
Mais des souvenirs en vrac remontent à la surface..
Le premier, dans un ordre Chronologique, certainement notre bonheur à Alger..
On dit qu'un enfant ne se souvient pas trop mais j'ai gardé en moi, des bribes de voix, des images, le souvenir de jus d'orange fait par toi, du lben qu'on allait chercher tous les deux à Hadiquat Ellben, de mon oncle Ammi Mansour qui venait peindre et dessiner.

Ensuite, Il y'a eu la séparation papa, je crois que nous ne l'avons jamais réellement bien vécue..
Quand tu m'appelais Maka au téléphone même adulte tu as continué à m'appeler ainsi..
A chaque voyage au maroc tu nous ramenais des livres, et grâce à toi je me suis instruite, grâce à toi j'ai brillé parfois à l'école..

Tu m'as appris la tolérance, avec un grand T, et tu l'as été jusqu'au bout, Tolerant plus que personne, jusqu'à être frappé sur la tête par un français lors de la bataille d'Alger et finalement me permettre d'en épouser un..

Quand la mort de ma mère m'a abattue, suivie de la mort de ton papa à toi, puis celle de Abdeltif, tu m'as dit au téléphone que tu me comprends, que tu m'aimes et tu me pardonnes..Tu as toujours su que mon silence n'est que de la souffrance mais que je t'aime...

Vient le souvenir du miel que tu me ramenais chaque année et qui me rendais si heureuse, le miel de mon grand père Allah yerahmou..

Nous ne cessions ces jours ci de parler de venir te voir à Alger, tu as toujours refusé de venir en France, mais accepté de garder le double des clés de l'appartement de casa..

Papa, je ne t'ai compris que depuis peu..l'éloignement, l'isolement, avec l'aide d'une dame qui m'a appris à ne pas te juger vis à vis de mama Allah yer7hamha, et grâce à elle j'ai trouvé le courage de te le dire dans une lettre..
La dernière entre nous, avec le montage de ces photos..


Au téléphone tu as dit à Eric que tu en étais heureux..

Papa..pardonne moi d'être si fragile, mais je t'ai toujours aimé, je t'aime et je t'aimerai..
Dans mon coeur tu ne cesseras de vivre..jusqu'à mon dernier souffle.

Je suivrai tes conseils, je te le promets..
Je t'aime Papichat comme t'appelaient farès et Ryad..Pars en paix, qu'Allah t'accepte au paradis, embrasse pour moi Mama, dis lui que je l'aime, qu'elle me manque même si elle ne nous quitte pas..comme Abdellatif, comme les autres vivants..

Inna lillah oua Inna Ilayh Raji3oun